Adolescente, puis jeune femme, j'ai écouté en boucle ta voix, tes textes, les musiques. Je les ai chanté en même temps que le CD. Je faisais des mimiques par-dessus, des gestes. Ce n'est qu'hier soir que je me suis rendue compte à quel point ils étaient inscrits en moi. En fait, j'en ai pris conscience précisément au moment où, pendant les deux guitares, mes mains dansantes ont fait valser mes jumelles sur les genoux de mon voisin de gauche. Les excuses étaient de mauvais goût. J'ai opté pour une tite face de " Oups, désolée", j'ai récupéré l'instrument qui me permettait de bien voir les tiennes de mimiques.
J'ai apprécié d'autant plus qu'on a bien failli ne pas te voir... Dix minutes avant le spectacle, une Marie-Piou dont je tairai le nom, plongea la main dans son sac pour découvrir qu'un des deux billets étaient restés sur la table de la cuisine, en trifluvie! Armés de la carte de crédit utilisée lors de l'achat nous évitâmes le drame. (oui, j'utilise le passé simple parce que ça ajoute à l'accent dramatique).
Alternant répertoire neuf, chansons oubliées et classique, en mode bohème, tu m'as emmenée au bout de la terre, me causant de tes vingt ans hier encore et de la richesse de la jeunesse que je tiens entre mes mains. J'ai cru, j'ai su, je me suis souvenue, qu'il était aussi possible de mourir d'aimer.
Mes souvenirs ondulaient sur ta voix : certaines lectures adolescentes, mon apparte crasseux à Paris, l'après-spectacle de Diane Dufresne au Châtelet, le travail sur le génocide arménien, les délires avec Mélanie dans la cuisine de son ancien apparte, mes amis, mes amours, mes emmerdes...
Enveloppée d'éclairages, portée par 10 musiciens, accompagnée de 2 choristes, j'ai fait un inoubliable voyage au coeur de l'essentiel, au coeur du temps qui passe et de celui à venir.Je ne conserve aucune carte postale. Seulement une enfilade de souvenirs et un billet sur lequel est inscrit " Duplicata".
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