17 janvier 2008

Un coeur fif? Un foie gai? No Way! Pas au Canada en tout cas!

Je suis en retard dans les nouvelles, mais celle-ci est passée trop subtilement à mon goût : les dons d'organes sont interdits aux homosexuels et plus précisément à tout homme ayant eu une relation homosexuelle au cours des cinq dernières années.

C'est une décision qui me dépasse. Comment peut-on refuser un don d'organe, un don de vie, sous prétexte que la personne appartient à un groupe susceptible d'avoir des comportements à risque? Cette décision de santé Canada repose manifestement sur des préjugés. Les gais ne passent pas tous leur vie à courir la galipotte, à baiser à gauche, à droite, en diagonale; ils ne multiplient pas nécessairement les partenaires.. Ils dorment et travaillent aussi! D'ailleurs les comportements "à risques" ne leur sont pas exclusivement révervés et sont le faits de plusieurs hétérosexuels. Mon propos rejoint entièrement celui de Laurent McCutcheon, président de Gai-écoute:

«Ce n'est pas lié à la conduite mais c'est lié à un groupe de personnes, c'est ça qui est difficile à accepter»
De plus, j'ai la candeur (et la grande espérance) que des tests sont effectués avant de greffer un organe, quelle que soit sa provenance. Bien difficile aussi de déterminer l'orientation sexuelle d'un accidenté de la route... On fera des tests pour éprouver les compatibilités et les éventuelles maladies : le sang gai est-il différent du sang hétéro? Une technicienne en hématologie me confirme que non.

Ce que je trouve insidieux, c'est que par un tel réglement, on invite les personnes à se disqualifier elle-même du don d'organe. Pendant ce temps, les patients - l'appellation ne peut être plus adéquate- qui attendent un organe sont fragilisés, tant au plan physique que psychologique. Bra-vo Santé Canada!

Cette décision démontre également la valeur qu'on peut accorder à une vie au Canada...
A-t-on les moyens (valeurs morales et financières) de laisser mourir des personnes à partir d'une décision reposant sur la discrimination?

14 commentaires:

La belle Lurette a dit…

Je suis entièrement d'accord avec ton pètage de coche, mais simple tentative vague de mise au point ne possédant aucune source réelle, je ne crois pas que l'on ai le temps d'effectuer des tests avant la greffe d'un organe quelconque compte tenu du délai qui, je crois, est relativement court avant la "mort" de l'organe en question. T k, me semble j'ai déjà vu ça à t.v. ;)

Marie-Piou a dit…

Bien, il faut a tout le moins faire un test de compatbilité sanguine...

J'imagine qu'on passe les mêmes tests que pour une transfusion. Enfin, je n'ai pas de sources non plus et je trouve que Santé Canada ne justifie pas assez son choix.

A.B. a dit…

Moi aussi j'ai été indignée quand j'ai lu l'article dans le journal. C'est un problème éthique majeur.
Concernant les tests à faire avant une greffe, j'abonde dans le même sens que Le Belle Lurette: c'est peu probable et faisable. Prends le test du VIH sida: les résultats d'un tel test ne sont pas disponibles en quelques secondes. Le test de compatibilité sanguine, lui, pour l'avoir fait à l'école genre en sec.1, c'est très rapide. Toujours est-il que je me demande si un gros mononcle de 50 ans qui fume, qui fait du cholestérol et qui n'a pas l'intention de cesser de boire est éligible à la greffe de coeur... Si la réponse est «oui», c'est tout à fait criminel d'interdire aux homosexuels de recevoir un organe selon les critères avancés par Santé Canada actuellement. Point.

Marie-Piou a dit…

Je suis allée aux infos.

J'ai écrit un courriel à une amie qui fait son internat. Elle est donc médecin en devenir.

Elle m'a écrit que :
"quand tu meures et que tu pourrais donner tes organes, il faut pleins de tests pour des maladies, genre hepatite, vih, syphilis....ils font aussi un examen complet, s'il y a des tatouages ou des marques de piqure chez les patients drogués, le patient est refusé tout de suite pour le don d'organe."

Elle me donne ensuite une piste d'explication
"je sais pas pkoi moi non plus, mais ca arrive que les tests soient faits pendant une période ou la maladie est pas détectable, il faut souvent les refaire 2-6 mois plus tard (pour le vih)"

Elle ajoute :
"Les tests qu'on fait juste avant un don d'organe, sont souvent assez précis.... moi aussi je suis surprise"

Anonyme a dit…

Moi aussi, j'étais complètement dépassée par les événements!!!

C'est entretenir le préjugé que le VIH (ou tout autre maladie de sa catégorie) n'existe que dans la communauté gaie!

Je serais plus "safe" de recevoir un don d'organe en provenance d'un homosexuel responsable que d'un gino hétérosexuel qui baise avec tout ce qui bouge...

Tout est relatif ;)

D'ailleurs, sur la question des dons d'organes... Il serait vraiment temps qu'on inverse le procédé de consentement : Plutôt que d'aposer le collant quand tu acceptes de faire un don d'organes post-mortem, on devrait l'aposer quand on ne veut absolument pas donner nos organes. Car souvent, les gens qui n'ont pas mis l'étiquette à l'endos de leur carte d'assurance-maladie, c'est simplement car ils n'ont pas pensé à le faire. C'est bien dommage.

Par contre, moi, je l'ai aposé fièrement! :oD

Clépétar a dit…

Moi, ça m'enrage cette nouvelle-là, je tuerais quelqu'un!

D'autant plus quand tu sais que les gais n'ont même pas le droit de donner du sang! Alors que le sang, ça, on le sait, il est TESTÉ!

Depuis que je sais ça, je ne suis plus allée donner de sang, par solidarité.

Anonyme a dit…

@ Clépétar : Par solidarité de qui ? De ceux qui ne peuvent plus en donner. Certainement pas avec ceux qui en ont réellement besoin et il me semble que ces derniers n'ont pas à payer pour ça, déjà qu'il n'y a pas beaucoup de gens qui donnent!

Dénoncer la situation, oui. Mais pas faire payer les receveurs qui trouvent probablement cette situation tout aussi aberrante!

Je suis déçue de votre raisonnement sur cette question.

zazou a dit…

J'ai capoté en entendant ça aussi. Un urgentologue se demandait la même : comment vont-il réussir à déterminer l'orientation sexuelle en cas d'urgence? De plus, une personne qui va mourir prendrait certainement le risque d'avoir un organe contaminé, qui risquerait au moins d'étirer son espérance de vie que pas d'organe du tout.

A.B. a dit…

Merci des infos!

Marie-Piou a dit…

@ noisette : je seconde le changement de procédure que tu proposes. Avec des amies on discutait et on s'est rendu compte que sur 7 personnes 3 n'avaient pas apposé l'autocollant, pourtant elles consentent à donner leurs organes. Le système, comme bien souvent, est mal fait!

@ Clépétar : comme tu as pu le constater la nouvelle m'a sortie le gros nerf du cou aussi. Toutefois, je ne comprends pas ton geste de solidarité... ce serait chouette que tu expliques, si tu en as envie.

@ zazou : je me pose tellement la question!

Je suis une fille crinquée : je pense que je vais écrire à une émission de services quelconque pour avoir plus d'infos : METTEZ DES JOURNALISTES LA-DESSUS QQUN!!!

Ça passe trop sous silence...Personnellement, je n'ai pas vu aucun lecteur de nouvelle parler de cette décision de Santé-Canada (et vous?). J'ai eu l'info par la petite rubrique qui défile sous l'écran à RDI...!

Clépétar a dit…

Je trouve ça ridicule de refuser les dons de sang et/ou d'organes de donneurs homosexuels.

Le système ne devrait pas fonctionner de cette façon. Et tant et aussi longtemps que quelque chose de majeur ne sera pas fait, les choses ne changeront pas. Alors je ne vais plus donner de sang. Quand les gens d'Héma-Québec m'appellent pour m'informer d'une collecte, je leur expose mon point. Je comprends que c'est injuste pour ceux qui ont besoin de transfusion, mais c'est le seul moyen que j'ai trouvé jusqu'à maintenant de faire passer mon point. Autre que d'en jaser sur un blog.

À mon avis, les dons d'organes sont beaucoup plus en demande que les dons de sang (ne serait-ce qu'une question de ratio de donneurs potentiels). C'est pour ça que j'ai fait ce choix. J'ai signé ma carte de don d'organes parce que c'est ce qui me semble le plus important, entre les deux.

Je sais que ma position est loin d'être la plus intelligente. Mais si vous en connaissez une autre, dites-le moi! À date, personne n'a rien proposé ici...

Anonyme a dit…

@ Clépétar : Poussière n'a pas été la seule à dénoncer cette situation sur la blogosphère! D'ailleurs, on se rend compte que les blogues ont beaucoup plus d'influence qu'on ne pourrait le croire sur l'opinion publique. On commence à nous citer dans les journaux et à la télévision.

Alors, à part dénoncer publiquement la chose pour que le message passe assez fort chez les décideurs concernés pour qu'éventuellement, ils décident de changer les règles, je trouve que c'est plus intelligent (je dirais même à l'infini +1 si j'étais baveuse... bah ok, je suis baveuse) d'en parler sur un blogue que d'arrêter de donner du sang, soi disant pour protester.

C'était mon opinion.

Marie-Piou a dit…

@ clépétar: je comprends ton point de vue, et il n'est pas si " fou" qu'on peut le croire. Mais je pense que d'écrire aux journaux serait plus efficace que de refuser de donner du sang.

@ noisette : plus on en parle, plus le message risque de se rendre, mais je ne crois pas queles blogs soient suffisants.

Clépétar a dit…

Go, on rédige une lettre ouverte! Je suis partante!

Et je recommencerai à donner du sang! ;)