3 janvier 2008

Silencieuse individualité

* Ce billet est inspiré d'un article de Catherine-Aimée Roy *

Voici un poème de Martin Niemöller, pasteur et théologien allemand, déporté dans les camps de concentration:

"Lorsque les nazis sont venus chercher les communistes
Je me suis tu, je n'étais pas communiste.
Lorsqu'ils sont venus chercher les syndicalistes
Je me suis tu, je n'étais pas syndicaliste.
Lorsqu'ils sont venus chercher les sociaux-démocrates
Je me suis tu, je n'étais pas social-démocrate.
Lorsqu'ils sont venus chercher les juifs
Je me suis tu, je n'étais pas juif.
Puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait plus personne pour protester"


À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, en prenant conscience des horreurs nazies, l'occident a déclaré : "Plus jamais". Pourtant, des génocides ont cours -en ce moment- sur notre planète. Les diplomates et les gouvernement occidentaux se taisent. Les citoyens se sentent impuissants: les drames africains ou moyen-orientaux sont si loins, abstraits de notre réalité. Les nouvelles nous crachent en continue des images au visage, des témoignages de journalistes...en réaction à tout ce bruit, nos oreilles se ferment : les nouvelles deviennent acouphène : bruit constant plus agaçant que révélateur. Nos yeux restent de glace : le spectacle est connu, reconnu... Nos bouches se musèlent au nom du " À quoi bon?" Nous devenons indifférents.

Je ne suis pas mieux que vous autres : je ressens la même impuissance. Je me sens perdue dans le magma politico-économique mondial. La terre tourne, je suis le mouvement, mais je ne l'influence pas.

Pire... j'avoue que la croisade ne m'attire pas.

Il y a des moments comme ça où on se dégoûte un peu....

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Moi aussi, je me sens très impuissante devant tous les obstacles qui s'élèvent contre tous les démocrates que nous sommes qui voudraient bien mettre fin à de telles injustices. La triste réalité reste tout de même que si les États-Unis ne voient pas l'intérêt de faire quoi que ce soit pour ces gens-là, nos marges de manoeuvre sont faibles...

En attendant, je fais des dons mensuels à Oxfam en espérant que ça aide un peu :oS

Alexandre a dit…

Très beau poème pour illustrer une horreur qui existe encore de nos jours...

Triste constat!

Bonne soirée

Blog très intéressant...

zazou a dit…

C'est tellement vrai. Triste, mais vrai. On arrête souvent de se battre car on a l'impression que ça ne sert à rien. Pourtant, je suis convaincue que chaque petit effort, chaque pétition, chaque lettre ou courriel envoyé peuvent avoir un impact. Petit peut-être, mais à la hauteur nos moyens.

Anonyme a dit…

Je comprends parfaitement ce que tu exprimes dans ton billet. À ce momentoù l'on se questionne en tant qu'individu, on doit aussi penser aux moyens de présenter l'information. Les boucheries quotidiennes dans les journaux télévisés ne t'enragent plus? Les statistiques abracadabrantes sont devenues banales? La misère est le pain quotidien des nouvelles tiers-mondistes dans les communiqué de presse et dans les reportages? Il est temps de s'informer autrement, avec le coeur. Le travail de certains font en sorte qu'on apprend à connaître quelqu'un qui a vécu ces «horreurs lointaines»... Certain ont la capacité de rendre les génocides TANGIBLES. Pas de tout repos, comme lecture. Pas pour les petites natures... Je parle de certains romans... Entre autres celui du fameux journaliste québécois Gil Courtemanche (un dimanche à la piscine à kIgali). Tu l'as p-e lu? Si non, il vaut la peine. Tellement, qu'à la fin, on est convaincu d'avoir été témoin. Mettre des noms et des visages sur bourreaux et sur victimes, les rendre humains (et donc plus faciles d'approche), c'est un travail incroyable qui mérite notre attention. C'est un autre moyen de diffuser la vérité, l'actualité... Tant qu'à moi,un moyen plus efficace. Car devenant ainsi intimes avec des personnages plus que réels, on ne peut plus se fermer les yeux et «passer tranquillement à autre chose».

Marie-Piou a dit…

@ noisette : Entièrement d'accord avec toi, hors de la volonté états-unienne point de salut.

@ alexandre : Bienvenue. En espérant que tu viennes y faire un tour à nouveau.

@ zazou : chacun de nos battements d'aile a un impact, mais souvent, c'est de savoir par où commencer pour que ce soit vrm efficace

@lud :Merci pour ta suggestion de lecture. Je l'ai ajoutée à mes prochaines lectures. Je pense que c'est un excellent moyen d'humaniser les tragédies et enjeux planétaires que tu me proposes : une fois que les mécaniques médiatique, mathématique et économique ont écrasé l'information... on oublie souvent ce qu'il y a d'humain sous la pile de stats.