30 juillet 2007

Saule, Pierre Lapointe et Jeanne Cherhal aux francofolies

Samedi dernier, j’ai assisté au spectacle réunissant Saule, Pierre Lapointe et Jeanne Cherhal présenté dans le cadre des francofolies de Montréal. Chronique d’une soirée enchanteresse!

Le spectacle commence avec Saule, seul sur scène, parmi les divers instruments de musique. Malgré une bonne présence, il faisait pas mal « tu seul ». J’ai subitement eu envie de lui trouver des amis… ce qu’il a fait tout seul, puisque deux musiciens talentueux l’ont rejoint sur scène. Une amie m’a fait remarquer que l’un deux avait l’air d’un Hobbit et que ses pieds nus complétaient l’illusion parfaitement. J’étais fière de lui parce que même en cherchant, je n’aurais possiblement pas réussi à lui trouver un ami Hobbit. Saule a un registre vocal vraiment étendu et il en use sans en abuser. C’est appréciable. Malgré un sourire en triangle digne du Joker, il est plutôt mignon. Ce qui est appréciable aussi. Lorsqu’il sera en tournée au Québec (automne ou hiver prochain) je serai probablement du public.

Lorsque Saule et ses pleureurs ont quitté la scène, ce fut pour céder la place à Pierre Lapointe, qui à l’origine, je l’avoue, avait justifié l’achat de mes billets. L’affiche disait « Participation spéciale », on s’attendait donc à 3-4 chansons… Mais non! Sa prestation piano-voix a duré une quarantaine de minutes environ. Il a notamment enchaîné « Deux par deux rassemblés », « Étoile étiolée », « Tel un seul homme » dans des versions plus épurées qui nous ramenait davantage au texte. Ce collier –ponctué d’interventions amusantes- devait se conclure sur « Pointant le nord » , une petite perle que Pierre a toutefois égarée dans les méandres de son stress qu’il a ouvertement déclaré au public en toute franchise. Il n’a pas réussi à terminer sa dernière chanson qui est pourtant une des premières qu’il a faites, de manière professionnelle. Il s’est excusé, à sa manière, et a quitté la scène : « euh je ne sais pas si ça s’est déjà fait.. au pire j’innoverai encore mais je ne vais finir la chanson » (ok, c’est pas un verbatim parfait, mais l’idée y est). Je me suis sentie vraiment triste pour lui. Je l’ai imaginé en coulisse, blottie dans un coin en position fœtale et suçant son pouce…J’espère qu’il s’est fait consoler par le Hobbit. Je l’espère vraiment.

Malgré une fin plutôt malheureuse j’ai réellement apprécié le mini-concert de Pierre. Redécouvrir des pièces entendues 400 fois (et je suis conservatrice!) et apprendre à apprécier une chanson qui m’a toujours laissé de glace (oh jeu de mot!) – je parle ici de « tous les visages » a été un pur plaisir. Je souhaiterais vraiment que le prochain spectacle de Lapointe en soit un piano et voix, mais à ressentir l’inconfort manifeste du chanteur avec cette formule, je ne crois pas que ce soit de sitôt. Par ailleurs, Pierre Lapointe semble privilégier les collaborations avec les autres artistes afin d’alimenter son univers fantasmagorique et musical. Alors si les actuels mals-aimés se dissocient de lui afin de poursuivre leur carrière respective, je crois que c’est vers un spectacle interdisciplinaire (arts visuels, architectures, peintures, théâtre) que l’artiste va se tourner. Ceux qui ont vu « La forêt des mals-aimés » savent que cette tendance est déjà présente : le décor habituel (arbre blanc) et la mise en scène relevant davantage du théâtre que de la chanson. J’apprécierais vraiment qu’il « pousse » en ce sens.

La troisième partie du spectacle a été une surprise, une découverte, une joie, un étonnement, un éblouissement : bref, j’ai aimé ça! Oyez Oyez lecteurs de ce blog, si Jeanne Cherhal se produit près de chez-vous : abandonnez tout et allez-y. Satisfaction garantie ! Outre sa maigreur (j’ai horreur de voir les côtes rejaillir dans le dos des personnes) on –hommes et femmes- est rapidement subjuguée par ses jambes : longues d’hier soir à demain matin! Ces gambettes soutiennent une présence dynamique doublée d’une gestuelle fluide et teintée de grâce, puisque même perchée sur ses talons, Cherhal gambade telle une gazelle sous le ciel d’Afrique! Jeanne Cherhal s’est amusée à Montréal. Elle semblait franchement contente d’être là et l’a signifié au public en entonnant une brève pièce composée pour l’occasion et qui témoigne de sa conscience aigue de notre « culture » alors qu’elle affirme vouloir ramené en souvenir « «Pas un, pas deux, pas trois, pas quatre, bref 14 Willy Waller two thousand six»!!!! » Le clin d’œil a reçu un bel accueil.

Les musiques agréables et accrocheuses sont soutenues et servies par des textes tantôt drôles, parfois coquins et souvent très bien écrit, en particulier la chanson « Le tissu » (sur la libération d’une femme voilée) et « On dirait que c’est normal » (sur l’excision). J’aime quand des thèmes actuels, voire politiques, sont traités avec talent, légèreté et surtout sans être chiant de gravité. Jeanne Cherhal a su charmer le parterre (les autres sections ayant été fermées faute de ne pas avoir vendu assez de billets) du théâtre maisonneuve.

Le seul bémol de cette soirée est que j’aurais aimé qu’il y ait plus de collaborations entre les trois artistes à l’affiche. Ensemble, ils ont présenté 2 chansons : « La chanson de Prévert » et « Ces bottes sont faites pour marcher ». Lapointe n’aurait-il pas pu inviter Cherhal sur une de ses chansons? Ou vice-versa? Il ne manquait pas de talent ce soir-là, et il aurait été intéressant qu’on les mélange un peu plus!

3 commentaires:

Clépétar a dit…

Vos impressions ont été très joliment rendues, Poussière!!
J'ai aimé les multiples allusions à autres choses, qu'elles aient été faites consciemment ou non.
Je n'ai pas trouvé que Gilles avait l'air d'un hobbit...

Marie-Piou a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
emmanuelle a dit…

Je viens de voir votre message posté en 2007. Depuis vos souhaits ont été exaucés (spectacle entier seul au piano, collaborations avec d'autres artistes - David Altmejd, etc...), vous avez de la chance ! (ou bien des dons de prémonition)