15 juin 2007

Petit fait vécu du 11 juin



Dernier cours avec un de mes groupes préférés.

Les élèves travaillent en silence, pendant que je transcris leurs résultats sur la feuille prévue à cet effet. Un joyeux " iiiiiii" vient troubler la quiétude de la classe. Je souris et regarde Marie-Claude qui a poussé ce cri et je lui dis :

- " Apparemment, t'es contente d'avoir terminé tes exercices!"
- " Non madame, c'est la guêpe qui m'a surpris!"

Elle me pointe l'insecte en question... Ouf! À cette grosseur-là, ce n'est plus un insecte, c'est un mutant gavé d'OGM et "boosté" aux stéroïdes! La bête se dirige vers moi avec l'intention de me charcuter la peau de son dard qu'elle a spécialement aiguisé pour moi... C'est bien évident! Je le sais à l'expression de son visage et au petit rire machiavélique qui émane de son corps. Bizz bizz bizzz : vous le voyez bien qu'elle me menace!!!

Je parviens à esquiver de justesse sa première attaque. Elle a perdu une bataille mais pas la guerre. Saudit que j'ai peur qu'elle appelle du renfort et qu'un escadron de guêpes mutantes envahissent la classe semant la terreur sur leur passage. Ces pensées chahutent dans mon cerveau à l'imagination surstimulée (maudits soyez-vous jeux éducatifs de mon enfance!) alors que mon visage affiche un calme placide propre à mon statut de supposée "Adulte responsable".

Alors que je tente de convaincre le monstre par télépathie de sortir par la fenêtre d'où elle est venue sans faire plus d'esclandres, un élève me lance, pragmatique, :

- "Ben, frappez-la madame!"

Tout de suite la violence! Spontanée, je lui lance un " t'es tu malade!" bien senti. Je privilégierai toujours une bonne discussion diplomaique à tout geste agressant, surtout quand l'Ennemie est armée et pas moi!

Le jeune pragmatique se lève, il empoigne son questionnaire, marche jusqu'à ma hauteur et me dit, en me fixant droit dans les yeux, tout en désignant sa copie :
- " Je vais devoir le sacrifier."

- " Sacrifice! Sacrifies-le ton damné questionnaire!" hurlais-je en mon fort intérieur, tandis que ma mâchoire se mobilisait toute entière pour prononcer un solennel " D'accord".

L'élève s'élança. Regarde de braise. Volonté d'acier. Il partait en safari et ce n'était pas lui qui allait revenir attaché sur le top du char. C'était clair.

Moins de deux minutes plus tard, la bête gisait sur le sol. Assommée? Décédée? Je ne voulais pas prendre les signes vitaux. Mon "sauveur" de 5 pieds se dirigea vers moi, fier de son exploit, torse bombé et sourire aux lèvres.

Doucement, je le saisit par les épaules et l'incitai à faire demi-tour.

- "Va me l'achever!"

(Il y a un moment où les hostilités sont trop engagées pour jaser diplomatiquement...)

Il s'exécuta et l'exécuta.

Je ramassai le corps et l'inhumai dans la poubelle de la classe, sans cérémonie.

2 commentaires:

Clépétar a dit…

C'est tristement la plus belle histoire d'achèvement d'un insecte quelconque. Même s'il ne paraissait pas quelconque du tout...

Et c'est probablement le plus jeune preux chevalier que je connaisse!! Il méritera grandement son été de congé et ta gratitude éternelle, bien évidemment!

La Souris a dit…

et où habite donc ce jeune courageux des temps modernes? en existe-t-il des clones miniatures adaptés au sac à mai? il me semble qu'il y aurait là une belle perspective d'avenir. surtout pour moi...