27 juin 2007

Hors du brevet, point de salut!

Je lis assidument le blog du prof masqué mais cette fois, je me dois de répondre. Dans son dernier billet, le prof parle des tolérances d'enseignement, c'est-à-dire, du fait que des personnes sans brevet d'enseignement, ni cours de pédagogie, enseignent dans les écoles de la province. Pendant 3 mois et demi, ça a été ma situation. Il fait également un lien avec un article parut dans la presse. Par souci d'honnêteté, je vous donne aussi ce lien :
http://www.cyberpresse.ca/article/20070621/CPACTUALITES/706210450/1028

Dans l'article, on apprend que le nombre "d'enseignants" non-qualifiés a explosé, que des détenteurs de Diplôme d'études secondaires et de diplôme d'études collégiales enseignent. Je trouve cela inadmissible. Qu'un bachelier en biologie enseigne le français l'est autant. Il est vrai que ce n'est pas parce qu'on parle français qu'on peut l'enseigner. Idem pour l'anglais et pour toutes les autres langues au programme.

Cependant, lorsque la personne enseigne la discipline dans laquelle elle a fait des études: je ne vois pas où est le problème, surtout lorsque la situation est temporaire. "Hors du brevet, point de salut" clament les professeurs! Il est possible de ne pas détenir le fameux papier et d'être un bon prof. La pédagogie ne s'acquière pas uniquement dans les universités, à coup de théories plus ou moins applicables dans la réalité : savoir communiquer, savoir passer une information en se mettant à la place de la personne qui la reçoit pour qu'elle puisse l'intégrer ne sont pas l'exclusivité de quelques cours de pédagogie! D'ailleurs, nombreux sont les profs eux-mêmes qui reconnaissent avoir vraiment appris leur profession sur le terrain et non pas dans la tour d'ivoire qu'est l'université.

Ensuite, lorsque j'ai lu que :
Ces gens, tolérés par le système, sont parfois bien gentils, mais ont tout du skieur nautique: ils sont à la remorque des autres profs qui en ont déjà beaucoup à faire.

J'ai eu envie de péter une coche solide! Pourquoi? Parce que dans mon cas, les profs de l'école même s'ils ont été gentils avec moi m'ont accueilli en touriste, que jamais je ne leur ai posé de question sur la matière, sur comment gérer mes classes... j'ai posé des questions sur l'application des règles de vie et c'est pas mal ça! Une fois qu'on sait ce qui est toléré (parce qu'il y a une nuance entre la règle écrite et son application, mais la je ne vous apprends rien), bref, une fois que la question est posée : on n'achale pu personne avec ça. J'ai donné plus de temps de récupération à mes élèves, j'ai participé activement à la vie de l'école et en prime, mais ça le mérite ne me revient pas vraiment, mes élèves ont très bien performé à l'examen du MELS. Il est où le problème? J'ai même appris à fonctionner avec le programme pour entrer les notes toute seule! Je ne me considère pas comme une skieuse nautique.

La situation est là : il y a un manque d'enseignants au Québec. Comment résoudre le problème? Accepter davantage d'étudiants au BES et au BEPEP? J'ai déjà l'impression qu'on en refuse très peu. Ne pourrait-on pas envisager le retour du Certificat en enseignement secondaire qui permettrait aux personnes avec des bacc spécialisés d'entrer dans le système sans que les autres profs aient besoin de justifier leur bacc? Pourquoi a-t-on enrayé le certificat? (Si quelqu'un peut me répondre, j'en serais très heureuse!)

Je crois que les avis sont trop généralisés lorsqu'on parle des " tolérances d'engagement". Tous ne sont pas sous-diplômés, incompétents ou des plaies pour le système d'éducation! Oui, il y en a des plaies parmi les tolérances, mais également parmi les professeurs... Suffit d'avoir passé quelques jours dans une salle de profs pour le savoir... ou d'être allé à l'école!

Voilà! J'ai appris à me taire dans une salle de prof.. mais là, ça fera!

4 commentaires:

Clépétar a dit…

J'y connais rien à l'enseignement!
Je ne veux pas jeter de l'huile sur le feu, mais je me suis toujours dit que dans le pire des cas, je serai enseignante. Oui, c'est ce que je me dis, encore! Sauf que je suis parfaitement consciente que sans formation EN ENSEIGNEMENT, je serais la pire des profs! Je pense que ça prend un peu de jugement pour savoir si on peut enseigner ou non et CE qu'on peut enseigner également.
Par contre, je comprends que les gens qui ont une formation en enseignement trouvent ça plate que d'autres puissent faire le même travail qu'eux avec moins de formation dans le domaine. À quoi sert-elle alors?
Ce qui me fait peur, par contre, c'est encore une fois la foutue nivellation par le bas... Parce que, malheureusement Poussière, je crois que tu es une exception...

Marie-Piou a dit…

Le nivellement par le bas... un autre sujet de révolte dans mon petit coeur de piou!

Combien de fois ais-je entendu cet été : on le fait passer je ne veux pas le revoir l'an prochain?

So ridiculous...

et avec la réforme, on va niveller mon amie, on va niveller!

Je comprends le point des vrais profs qui ont un brevet. Je suis d'accord aussi pour qu'ils soient privilégiés. Les tolérances se font quand il n'y a plus de "vrais" profs dispo..et je n'en démordrai pas. C'est ce qui doit être fait.
Par ailleurs, je reste sur l'idée que le brevet ne soit pas une garantie de compétence ou d'aptitude.

Le professeur masqué a dit…

Je vous ai blessée, Poussière, et j'en suis sincèrement désolé. J'aurais dû écrire «Certains de ces gens» pour être plus près de la réalité. J'ai eu tort de généraliser de la sorte et de mettre tout le monde dans le même moule. Certains sont plus débrouillards que d'autres, sauf que je dois avouer que j'ai davantage connu de cas plutôt «nautiquesx.

Cela étant dit, je dois admettre, tout comme vous, que ce n'est pas parce que tu as un brevet en enseignement que tu es automatiquement un bon prof et inversement. Sauf que j'ai trop vu de gens s'improviser enseignant. Je pense entre autres à cette dame qui tremblait littéralement de peur avant d'entrer en classe et qui ne savait absolument pas comment gérer un groupe. Elle avait un DEC - je la soupçonne d'avoir triché sur ses qualifications - et c'est tout.

Honnêtement, le bac en enseignement, peu importe l'université, a peu de valeur à mes yeux. Trop souvent, des cordonniers mal chaussés ont tenté de m'enseigner des notions qu'ils ne mettaient même pas en pratique dans leur propre cours... Ces sont plutôt mes stages qui m'ont appris le métier et je remercie encore aujourd'hui le prof qui m'a «enseigné à enseigner».

Pour répondre à votre question sur la formation des maîtres, et on me corrigera si je suis dans l'erreur, on a tout d'abord connu le bac spécialisé (une matière) de trois ans. Un universitaire d'un autre champ pouvait alors obtenir l'autorisation d'enseigner en complétant un certificat en pédagogie.

Pour est venue l'ère du bac à deux matières (en vue de la réforme et des titulaires de classe?) dont la durée était de quatre années. Pas de certificat possible, je crois. Chose rigolote, ce bac offrait moins d'approfondissement dans chacune des deux matières vues.

Par la suite, on a gardé le bac de quatre ans avec une seule spécialité. Toujours pas de certificat possible.

Il y a un an, le MELS a mis de l'avant plusieurs mesures que les universités n'ont pas toutes mises en pratique. On retrouve entre autres la possibilité pour un bachelier autre qu'en éducation d'enseigner tout en suivant une formation en pédagogie à temps partiel.

Mais il faut croire qu'on compte davantage sur la baisse du nombre d'élèves pour que la situation se résorbe. Sauf qu'on sous-estime visiblement les départs à la retraitre, les congés sabbatiques, les congés de maternité et les demandes de tâche partielle.

Marie-Piou a dit…

Merci Prof Masqué pour les précisions concernant la formation des maîtres!

Encore une fois, vous avez été des plus efficaces!